Critiques

[Critique] Small Axe de Steve McQueen

10 janvier 2022

Je profite de mon tout nouvel abonnement Salto pour regarder quelques séries et je vais vous présenter aujourd’hui Small Axe de Steve McQueen.

Small Axe est une mini-série britannique composée de 5 films indépendants les uns des autres, mais avec un point commun : Chaque film met en lumière la communauté caribéenne du Royaume-Uni entre les années 60 et les années 80.

Le titre « Small Axe » ferait référence à un proverbe venant d’Afrique et connu des antillais anglophones « If you are the big tree, we are the small axe » : « Si vous être le grand arbre, nous sommes la petite hache ».

Je l’interprète par « Vous avez beau être forts et puissants, on peut vous faire chuter de votre piédestal. » Mais j’ai peut-être tort.

Il a été popularisé par Bob Marley and the Wailers, grâce à une chanson du même titre.

Voici le titre et le résumé des cinq films (résumés de Salto) :

  • Mangrove :

Cet épisode raconte la véritable histoire des neuf du Mangrove, qui avaient organisé une manifestation à Notting Hill contre la police en 1970. Le procès qui s’en est suivi a marqué la première reconnaissance par la justice de l’existence d’une haine raciale au sein de la police anglaise.

  • Lover’s Rock :

Le temps d’une soirée au coeur d’une fête dans l’ouest de Londres, dans les années 1980. Les relations se nouent et se croisent, sur fond de violence, d’amour et de musique. 

  • Red White Blue :

L’histoire vraie de Leroy Logan, un jeune analyste scientifique qui aspire à faire plus que ce travail solitaire, coincé dans un laboratoire. Alors que son père se fait agresser par deux policiers, il renoue avec son rêve d’enfant de devenir policier et de faire changer les mentalités racistes de cette institution de l’intérieur.

  • Alex Wheatle :

Alex passe son enfance dans un orphelinat à dominante blanche, sans amour ni famille. C’est à Brixton qu’il ressent pour la première fois un sentiment de communauté. Il y forge son identité et nourrit une passion pour la musique. Il est arrêté lors de l’insurrection de Brixton en 1981. En prison, il se confronte à son passé et trouve le chemin de la guérison.

  • Education :

Kingsley, 12 ans, est passionné par les fusées et par le métier d’astronaute. Un jour, alors qu’il est convoqué dans le bureau du directeur à cause de son comportement perturbateur, il apprend qu’il va être envoyé dans une « école spécialisée. » Ses parents sont tellement pris par leurs emplois respectifs qu’ils ne se rendent pas compte de la politique de ségrégation officieuse qui est pratiquée dans cette école, jusqu’à ce qu’un groupe de femmes caribéennes décide de prendre les choses en main.

small Axe

Small Axe – Mangrove © BBC

Sur ces cinq films : Deux sont inspirés de faits réels : (Lover’s Rock et Education) et trois sont basés sur des histoires vraies (Mangrove, Red White blue, Alex Wheatle).

J’ai toujours eu ce côté naïf et idéaliste à propos du Royaume-Uni et de Londres dont je suis littéralement amoureuse. Pour moi, ce pays, cette terre de l’autre côté de la Manche est un endroit multiculturel où il est facile de s’intégrer et de se fondre parmi la foule cosmopolite. Ta couleur de peau est là, on la voit, mais elle ne définit pas qui tu es.

C’est un endroit où lorsqu’une personne comme moi répondais « France » à la question « Where’re you from ? », on pouvait immédiatement enchainer avec compréhension, par rapport à couleur de peau, par « Guadeloupe or Martinique ? ». Alors qu’en France il m’est arrivé d’avoir comme réaction, après avoir dit que je suis née en France : « Non, mais tu viens d’où, EN VRAI ? ».

Donc oui, j’ai toujours idéalisé le Royaume-Uni. Mais voilà, Small Axe remet les pendules à l’heure de manière assez brutale et réaliste et fait comprendre que non, le Royaume-Uni n’a pas toujours été une terre d’accueil tolérante. C’est évident, mais cela avait besoin d’être dit et d’être montré.

Small Axe – Lover’s Rock © BBC

Regarder cette série m’a fait du bien et du mal aussi, car je suis d’origine caribéenne, car je fais partie d’une de ces communautés du côté de la France. Car en regardant ces films, j’ai pensé que cela aurait pu être ma mère, mon père, mes grands-parents…

Dans le troisième film (Red White Blue), le personnage principal, interprété par John Beyoga (récompensé par un Golden Globes pour ce rôle) me fait clairement penser à un membre de ma famille qui avait à peu près l’âge du personnage à cette époque-là (début des années 80) et a fait exactement le même métier. Est-ce que cette personne a également vécu ça à Paris ? C’est une question que je me pose et que je n’oserai jamais lui poser.

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Small Axe – Red White Blue © BBC

Le cinquième film (Education) m’a fait pleurer parce que ces enfants sont totalement marginalisés à cause de leur couleur de peau. Parce que Kingsley a des rêves plein la tête et qu’il est en pleine souffrance parce qu’il ne sait pas lire à 12 ans.

Le premier (Mangrove), le troisième et le cinquième films sont ceux qui m’ont le plus marqué et que j’ai le plus apprécié. J’ai d’ailleurs trouvé dommage que « Mangrove » ne soit pas sorti au cinéma. Il aurait dû être projeté au Festival de Cannes 2020, qui a malheureusement été annulé à cause de la pandémie.

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Small Axe – Alex Wheatle © BBC

Mangrove est un film de plus de deux heures, qui parle d’un fait divers qui a eu lieu au début des années 70, dans le quartier de Notting Hill (quartier de Londres connu pour avoir eu une forte communauté caribéenne) : Nine Mangrove. Ce film-ci (avec Letitia Wright) donne une entrée en matière de ce que pourrait être les films suivants (bien qu’ils durent tous environ une heure).

Je n’ai pas accroché au deuxième et quatrième films, mais ils valent la pleine d’être regardés. On y découvre comment les Antillais faisaient des rencontres dans l’un et dans l’autre, on y parle de seconde chance.

Small Axe – Education © BBC

Steve McQueen (Oscar du meilleur film pour Twelve Years a Slave) a créé une série poignante qui met en lumière, grâce à la performance des acteurs, une face peu reluisante du Royaume-Uni, mais qui n’est que la conséquence de son passé, de son histoire et de ses choix.

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5 Commentaires

  • Répondre Fanny Babymeetstheworld 11 janvier 2022 at 10 h 45 min

    Merci pour toutes ces suggestions ! J’en note quelques-unes !

  • Répondre lenouinitalia.fr 17 janvier 2022 at 14 h 09 min

    Une sélection qui à l’air super instructive! Merci pour le partage ?

  • Répondre elodieenrose 18 janvier 2022 at 15 h 05 min

    Merci pour ce partage, je me tâte vraiment à prendre Salto.

    • Répondre Priscilla 19 janvier 2022 at 20 h 53 min

      De rien.
      Il y a un mois gratuit pour parcourir un peu la plate-forme et se donner le temps de la réflexion.

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