Souvenirs

Quatre semaines en Guadeloupe en compagnie du Covid-19

6 septembre 2021
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A mon retour de vacances, lorsque je disais à mes collègues que je n’avais pas passé de mauvaises vacances en Guadeloupe à la question « Alors ? La Guadeloupe ? Pas trop dur ? », je sentais chez certains une légère pointe de scepticisme. C’est pourtant la vérité : Je n’ai pas passé de mauvaises vacances en Guadeloupe, malgré la situation dans laquelle se trouvait le département.

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Carte de la Guadeloupe – Source : Google Maps

Je vais donc vous raconter comment se sont déroulées mes vacances en Guadeloupe, sur fond de couvre-feu, de covid et de quatrième vague :

Le voyage en avion

Je dois admettre que j’avais une petite appréhension sur le déroulement du voyage entre Paris Orly et Pôle Caraïbe à Pointe-à-Pitre. Le protocole était assez strict, la compagnie demandait une montagne de papier en plus des tests PCR, antigénique et/ou de l’attestation du vaccin.

Je me suis régulièrement prise la tête quelques jours avant le départ, parce qu’il manquait tel ou tel papier pour l’enregistrement en ligne pour éviter la fameuse file d’attente qu’on déteste tant à l’enregistrement des bagages… Autant vous dire qu’enregistrement en ligne ou pas, j’ai quand même subi cette attente.

Seuls les voyageurs, sous présentation de leur billet électronique, étaient autorisés à entrer dans l’aéroport. Ce qui était, selon moi, une bonne chose. Les tests et/ou attestation vaccinale ont été vérifiés une fois avant l’enregistrement des bagages, une autre fois à la police aux frontières et une dernière fois à l’arrivée en Guadeloupe avec une petite particularité : Pôle Caraïbe séparait les voyageurs vaccinés et non-vaccinés, car les non-vaccinés devaient remplir une fiche permettant de les localiser pendant leur isolement obligatoire de sept jours.

Mais une fois arrivée en Guadeloupe, les vacances pouvaient enfin commencer.

Enfin c’est ce que je croyais…

La première annonce

Les premiers jours se sont très bien passés. Cela faisait cinq ans que je n’avais pas remis les pieds sur mon île d’amour et le simple fait d’avoir la vue quotidienne sur les Saintes, était suffisante à mon bonheur. Seulement une toute partie de moi savait que les choses pouvaient basculer d’un moment à l’autre, car les informations n’arrêtaient pas d’annoncer une augmentation des cas de Covid dans l’archipel. Cette toute petite chose m’avait incité à partir avec mon ordinateur de travail, au cas où les choses devaient vraiment s’aggraver et que le retour en métropole serait compliqué. Mais j’essayais de ne pas y penser.

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Vue sur les Saintes

Mais comment faire autrement, lorsque deux jours après mon arrivée, le préfet de la Guadeloupe a annoncé un couvre-feu entre 21h et 5h du matin. Très sincèrement, cette annonce ne m’a fait ni-chaud ni-froid, pour une raison très simple : rare ont été les fois où je n’étais pas chez-moi ou dans ma famille après 20h en Guadeloupe. Le couvre-feu n’était donc pas un réel problème pour moi et ne m’a pas empêché de poursuivre mes vacances.

J’ai donc pu me rendre aux Saintes, un archipel dans l’archipel qui se trouve à 25 minutes de bateau en partant de la ville de Trois-Rivières. J’y ai passé un très un bon week-end entre la plage, le restaurant et ma recherche infructueuse de langouste…

Voici le studio où j’ai séjourné aux Saintes

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Voici la vue depuis le Studio.

J’avais prévu tout un programme avec des choses à visiter, des restaurants à découvrir, des plages où se baigner. Je voulais rentabiliser ces quatre semaines en Guadeloupe, car je ne savais pas quand j’y retournerais. Je ne pensais pas du tout au couvre-feu. Mais impossible de faire abstraction au covid. Comme en métropole, le masque n’était plus obligatoire en extérieur, mais je le gardais toujours sur le nez, malgré les 30 degrés. Le simple fait d’avoir passé presque 9 heures dans l’avion avait été un risque à la contamination. Il était donc hors de question de faire n’importe quoi.
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Malheureusement les choses ont vite commencé à se corser.

Le premier confinement

Une semaine après l’annonce du couvre-feu, le préfet a annoncé que la Guadeloupe serait confinée. Le nombre de cas s’emballait, le variant delta était de plus en plus présent et le nombre de décès augmentaient proportionnellement.

Cependant ce n’était pas le pire confinement que j’ai vécu car :

  • Il était toujours possible d’aller se baigner à la mer
  • Les restaurants étaient ouverts en journée, ainsi que les musées et autres attractions

MAIS

  • Nous ne pouvions nous déplacer que dans un rayon de 10 km maximum
  • Le couvre-feu était avancé à 20h
  • Nous avions une attestation à remplir si nous dépassions cette distance et cette heure
  • Il était interdit de bronzer, lézarder, végéter, lire sur la plage (ce qui n’était pas un problème pour moi)

Et comme tout ce que j’avais prévu était au-delà des 10 km, j’ai tout annulé. Il ne me restait plus que les baignades à la mer ou à la rivière et les restaurants. Est-ce que ça signifie que je n’ai pas dépassé les 10 km ? Pas du tout. Il fallait bien faire les courses et surtout, je l’admets, j’ai fait un petit tour à la Rhumerie Karukera :

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J’ai également fait deux restaurants supplémentaire. Un que je regrette amèrement et dont je ne préfère pas parler tant la déception était grande et un autre restaurant dans lequel j’ai tout simplement mangé la meilleure langouste de ma vie. Les accras étaient bons aussi.

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J’ai également mangé à deux reprises un bokit au poulet avec un Sunkist Pamplemousse : Le rêve !

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Et un petit-déjeuner tout simple en ville avec un sandwich oeuf bacon oignon et du pur jus de canne.

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J’aurais pu être déçue, voire carrément dégoûtée de devoir annuler tout ce que j’avais prévu (et il est vrai que j’ai un peu été dégoûtée), mais j’ai vite relativisé. Ce n’était pas la première fois que je passais des vacances en Guadeloupe et je peux vous dire que j’ai déjà vécu des vacances où je ne sortais absolument pas (pour diverses raisons que je garderai pour moi).

Puis j’avais une autre raison que je me répétais en boucle :

« J’ai déjà été en Guadeloupe alors qu’il y avait la Dengue, le Zika et le Chikungunya, alors ce n’est pas le Covid qui va me pourrir mes vacances. »

Oui, j’ai tout fait pour positiver et relativiser. Ce qui a plutôt fonctionné. Mais au-delà de mes pensées, les choses ne s’arrangeait absolument pas sur l’archipel.

On ferme tout

Très vite, les restaurants ont fermé, ainsi que les boutiques non-essentielles, pour arriver à un confinement renforcé. On ne pouvait pas se déplacer au-delà de 5km autour de chez-soi et il y avait un couvre-feu à 19h. Autrement dit, il était impossible pour moi de sortir de la ville où je me trouvais. Donc bye, bye la mer, car même si j’avais une magnifique vue sur elle, il me fallait plus de cinq kilomètres pour être à la plage. Mais encore une fois, pour avoir vécu des situations où je ne me baignais pas du tout alors que le covid n’existait pas, ce n’était pas un drame pour moi.

Mais le drame était pourtant là. Le nombre de cas s’envolait, les décès s’accumulaient, à un tel point que les avis d’obsèques qui d’habitude durent 15/ 20 minutes à la radio, pouvait durer jusqu’à deux heures certains jours.

Les hôpitaux saturaient. La situation hospitalière en outre-mer est bien pire qu’en métropole et l’a toujours été malheureusement. La métropole envoyait et envoie toujours du personnel hospitalier pour aider, mais c’est de matériel dont l’outre-mer a principalement besoin.

On disait que les Guadeloupéens ne voulaient se faire vacciner. Les médias disaient d’eux (de nous) que ce sont des adeptes du vaudou, qu’ils sont illettrés, se guérissent au rhum ou ne jurent que par la Vierge Marie qui leur a intimement spécifié qu’il ne fallait surtout pas se faire vacciner. On a été rhabillés pour l’hiver inexistant de l’archipel.

Les Guadeloupéens disaient que les touristes avaient apportés le variant delta sur l’archipel.

Les choses sont plus compliquées que ça, à mon avis. Je vais parler de ma propre expérience.

Quatrième vague : Qui est coupable ?

Je ne vais pas me faire que des amis, mais je ne suis pas certaines que les touristes ont apporté et véhiculé le virus sur l’archipel, pour la simple et bonne raison que les touristes ne se mélangent pas forcément à la population. Les touristes sont à l’hôtel et font certes des visites. Mais ne vont pas là où les familles étaient le plus contaminées. Je suis peut-être naïve de ce côté-là, mais c’est ce dont je suis persuadée.

En revanche je pense que les vacanciers (comme moi) ont potentiellement pu transmettre le virus à leur famille vivant là-bas.

Pourquoi je dis ça ? Parce que je l’ai vu de mes propres yeux. Des membres de ma famille qui sont venus en Guadeloupe comme moi, qui n’ont pas respecté l’isolement de sept jours, ne mettaient pas de masque (et me regardaient de travers parce que j’en avais un au passage), faisaient la bise, partageaient la même assiette de cacahuètes et au bout du compte, tombaient malade.

Ce que je raconte est strictement personnel, mais je vais en faire une vérité générale. Je pense vraiment que c’est ce type de comportement qui a provoqué une vague de contamination en Guadeloupe. Les vacanciers ont été dans leur famille et n’ont pas pris de précaution.

Et contrairement à ce qu’on a pu entendre, non, les Guadeloupéens ne sont pas des anti-vax. Vu les marques que certains peuvent avoir au bras à causes des nombreux vaccins qu’ils ont reçu dans leur vie, non ce ne sont pas des anti-vaccins. Le grand souci est tout simplement qu’ils n’ont plus confiance, comme beaucoup de métropolitains.

Mais comme la Guadeloupe est un archipel avec des infrastructures hospitalières déplorables, le problème s’est amplifié très rapidement et la crise a mis en lumière ce qui ne va pas.

Mes vacances en parallèle

Et bien moi dans tout ça, je suis restée chez-moi. J’évitais un maximum ma famille. J’ai profité de la vue que notre domicile nous offrait et des fruits et légumes du jardin. Mais aussi de la piscine que les voisins nous ont laissé quand ils étaient eux-mêmes partis en vacances en métropole.

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Avocats et figues pommes provenant sur jardin commun du lotissement où nous vivons.

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Coco frais

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Abricot Pays

Quenettes

Avocats provenant du jardin de mes grands-parents.

La piscine avec une petite vue sur les Saintes

J’en ai profité pour lire et ne rien faire. C’est chouette de ne rien faire parfois. A aucun moment pendant le confinement, j’ai pensé que je resterais coincée en Guadeloupe. A partir du moment où le confinement a été déclaré, j’ai compris que mon allé avait un retour et que ce retour ne serait pas anticipé, ni retardé.

Alors non, je n’ai pas passé de mauvaises vacances en Guadeloupe, tout simplement parce que j’ai vécu pire comme été sur l’archipel. Mais aussi parce que je n’étais pas une touriste, mais une vacancière et c’est une différence non-négligeable.

Oui, c’est vrai que ça aurait pu être mieux, mais je ne regrette absolument pas d’être partie.

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6 Commentaires

  • Répondre Fanny Babymeetstheworld 6 septembre 2021 at 11 h 46 min

    Merci pour ton témoignage, c’est vrai que tu connaissais déjà ça change pas mal la donne, bravo pour la façon positive de voir les choses et d’avoir pu relativiser !

    • Répondre Priscilla 6 septembre 2021 at 20 h 22 min

      Merci beaucoup pour ton commentaire. Je n’ai pas l’habitude de positiver. Je vois souvent le verre à moitié vide. Mais là, j’ai vraiment voulu faire cet effort parce que j’avais un grand besoin de me reposer.

  • Répondre Romain 8 septembre 2021 at 17 h 24 min

    C’est très joli. 🙂
    Par rapport au Covid je suis très déçu de manière générale, car je pensais que cela aurait au moins comme effet positif d’améliorer certaines mentalités. Et même si je garde toujours espoir, j’ai plutôt l’impression que les gens deviennent de plus en plus fous. Sans compter qu’il n’y a plus aucune limite ni aucun respect, c’est « je fais ce que je veux et j’écrase tout ce qui m’entoure » !

    • Répondre Priscilla 9 septembre 2021 at 18 h 10 min

      Ce genre de comportement a toujours exister, la crise n’a fait que l’amplifier, pour certain. C’est comme ça, mais c’est dommage.

  • Répondre Vix 11 septembre 2021 at 10 h 44 min

    C’est cool que tu ai réussi à relativiser et à profiter un peu de tes vacances quand même ! On a pas subi les choses à un niveau aussi extrème mais ici en Ariège, beaucoup de personnes redoutaient (avec raison) les vacanciers qui venaient « se lâcher » ici en mode « oh on est a la campagne on craint rien » (mais on s’en fout de contaminer les gens du coin du coup…) donc je suis plutôt d’accord avec ton point de vue 🙂

    • Répondre Priscilla 12 septembre 2021 at 19 h 50 min

      J’ai fait ce que j’ai pu pour relativiser. Mais il faut savoir que ce que j’appelle « vacanciers » ne sont pas les touristes qui viennent visiter, mais bien les personnes qui retournent dans leur région d’origine pour rendre visite à leur famille vivant sur place. C’est la raison pour laquelle je fais une certaine distinction dans l’article.
      Merci beaucoup pour ton commentaire 🙂

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